Musique mutante : The Gerogerigegege – Senzuri Champion (1987)

Bon sang, c’est du bruitisme bien bruyant ! Et avec une iconographie bien crade à faire pâlir GG Allin. C’est dire.

L’un des duos de noise japonais les plus déroutants, The Gerogerigegege, est le véhicule de Juntaro Yamanouchi, dont le concept pour le groupe semble pour le moins difficile à cerner.

Bien qu’il ait déclaré dans des interviews que The Gerogerigege était né d’un amour mutuel pour la musique noise et les Ramones, l’approche stylistique du groupe est tout aussi nébuleuse que celle des autres groupes japonais de noise – Yamanouchi est tout aussi enclin à se lancer dans le hardcore, les enregistrements de terrain, l’ambiance que dans le détournement musical.

The Gerogerigege est également le port d’attache de GERO 30, un habitué des clubs S&M japonais, dont le seul rôle est celui de se masturber sur scène.

Bien qu’ils aient quelques albums plus remarquables, leur deuxième album, Senzuri Champion, est certainement l’un des albums les plus divertissants de Gero. Il encapsule parfaitement tous leurs différents sons, avec du bruit pur et dur pendant toute sa durée, quelques moments plus punk, et les gémissements caractéristiques que l’on attend d’eux.

Senzuri Champion ne fait pas partie des meilleurs albums de noise, ni même des meilleurs albums de Gerogerigegege, mais c’est une expérience intense. De la pochette présentant un vieux pervers devant un stand de magazine porno (Senzuri Champion se traduisant comme champion de masturbation), à ses 7 titres décapants couvrant un peu moins de 29 minutes, Juntaro parvient à créer un album qui est sans doute encore plus implacable que plusieurs opus de Merzbow.

Mais même avec ce son torturé, ces cris douloureux, ces statiques et cette instrumentation incroyablement bruyants, l’album parvient à conserver cette bizarrerie qui rend The Gerogerigegege si intéressant.

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